Une grosse dose de coca pour affronter le cañón del Colca

Cañón del Colca, du 13 au 16 avril 2018

Après cinq jours de visites et de promenade à Arequipa, nous louons une voiture pour quatre jours afin d’aller visiter le cañón del Colca. Notre destination finale est Cabanaconde où nous logerons deux nuits, mais c’est aussi le point de départ et d’arrivée d’un trek très populaire dans le fond de la vallée.

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Village de Cabanaconde

La plupart des circuits proposent un trek de trois jours comprenant un coucher à San Juan, le premier village en bas du cañon et un deuxième dans un endroit appelé l’oasis, six kilomètres plus loin, où il y a un hôtel avec une piscine près de la rivière. La remontée se fait la troisième journée.

Or, bons comme nous sommes supposés l’être ;-), on se dit que les quelque 13,2 km pour se rendre à l’oasis sont très faisables en une seule journée d’autant plus que ça descend presque tout le temps. Après tout, on a fait bien plus difficile que ça depuis le début de notre voyage! C’était donc décidé, on se rendrait directement à l’oasis la première journée et le lendemain, hop, on se paierait une remontée de 5,7 km. Alors, on fait les réservations et on s’organise avec l’hôtel de Cabanaconde pour y laisser la voiture ainsi que nos gros sacs à dos pour une nuit.

Sauf que …  1) Entre notre hôtel et le début du sentier, il y a trois kilomètres que nous n’avions pas prévus.

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Le chemin de trois kilomètres pour nous rendre au début du sentier du canyon

2) Entre le début du sentier et le fond du canyon, il n’y a bien que six kilomètres pour descendre, mais avec un dénivelé de 1 200 m. ça descend très sérieusement (ayoye les orteils dans le bout des souliers…), et pour couronner le tout, il fait plus de 30 degrés, plein soleil et aucune ombre.

3) De l’autre côté de la vallée, il y a un peu plus d’un kilomètre en montée douce pour se rendre au premier village de San Juan.

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Le pont qui traverser de l’autre côté du canyon à un kilomètre de San Juan

Et 4) Après San Juan, il y a encore quatre kilomètres de montée et deux de plus pour redescendre au fond du canyon où se trouve l’oasis et où, finalement, nous ne nous sommes jamais  rendus…

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L’oasis – le tracé de droite est le deux kilomètres de descente pour se rendre jusqu’à l’oasis et celui de gauche pour remonter au village de Cabanaconde

Ce fut la randonnée la plus difficile de notre vie. Un gros 3 h 15 pour descendre six kilomètres. Que s’est-il passé? Chacun de nous, à des moments différents, avons eu des coups de chaleur où il n’était plus possible d’avancer. En plus, nos réserves d’eau ont diminué trop rapidement. En temps normal, nous en aurions eu en quantité suffisante, mais notre besoin d’hydratation était hors du commun. Tellement que Dominique a demandé à quelques reprises à des randonneurs s’ils pouvaient nous donner de l’eau. Ce qu’ils ont tous accepté heureusement pour nous.

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Le sentier de randonnée à droite

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Le sentier en bas à gauche qui tourne vers la droite

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Le dernier tronçon d’un kilomètre menant au village de San Juan

Arrivés à San Juan, nous nous sommes arrêtés dans une petite auberge pour acheter de l’eau. Nous n’en sommes repartis que le lendemain. PU CAPABLES! Tant pis pour la réservation à l’hôtel de l’oasis! Et il n’y a pas d’autres solutions puisqu’il n’y a pas de route d’accès et que nous ne pouvons pas dire tout simplement « on est tannés, on prend un taxi et on rentre ». Pas de route, pas de taxi.

Pour dormir, l’auberge compte une dizaine de chambres de type motel dans quelques bâtiments en ciment, des portes en bois, mais sans poignée ni serrure, deux lits simples, pas d’électricité ni de salle de bain… mais il ne faut pas de se plaindre, c’est 4 $ par personne et les lits sont les plus confortables du monde :-).

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Il y a même des poules à quatre yeux dans le canyon!

Le lendemain, presque à l’aube pour profiter de la fraîcheur du matin, on reprend notre sentier pour le retour après avoir commandé des lunchs à l’aubergiste et doublé la réserve d’eau par rapport à la veille. On le sait, ça ne sera pas facile!

Ça nous a pris huit heures de marche pour faire six kilomètres… c’est 750 m. / heure. Ce fut encore plus pénible que la veille évidemment. On pensait ne jamais y arriver. On a eu droit à la même température en plus de ressentir davantage le handicap de l’altitude puisque nous étions en montant. Très difficile pour le cardio. Le village de Cabanaconde est à 3 387 m. Et… ce fut à nouveau la randonnée la plus difficile de notre vie!

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On aperçoit les petits villages de l’autre côté du canyon

Contrairement à la veille où plusieurs personnes nous ont dépassés en descendant, nous n’avons croisé qu’un Péruvien avec son âne qui descendait la montagne. Dominique lui a demandé s’il pouvait la monter en haut sur le dos de son âne. Bien sûr que la réponse a été non, mais plus sérieusement nous lui avons demandé s’il connaissait quelqu’un avec des chevaux qui auraient pu venir nous chercher. Au diable les allergies! Il a pris son cellulaire et fait un appel, mais là non plus, ça n’a pas fonctionné. Très gentiment, il nous a offert sa bouteille d’eau froide que nous avons acceptée avec joie et il a poursuivi son chemin. C’était presque au début de notre montée. Puis à mi-chemin environ, un jeune couple qui a eu pitié de nous nous a offert aussi de remplir notre bouteille à moitié vide.

Fait que, finalement rendus en haut, au début du sentier, nous avons pris un taxi (!) pour nous rendre à l’hôtel… la douche était plus que bienvenue…

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Le retour à l’hôtel en taxe!! et la preuve en regardant JP que nous étions à boutte!!!

Croyez-nous, ça nous a pris vraiment beaucoup de détermination et surtout de force mentale pour arriver jusqu’en haut. Depuis quelque temps, on sentait la fatigue du voyage nous rentrer dans le corps, alors là nous avons donné le coup de grâce. Il n’y avait plus de doute qu’on était rendu au bout de nos forces et au stade du voyage où il nous fallait du repos, du genre une belle plage. Et c’était aussi décidé que nous irions au Machu Picchu en train et non pas en trek comme nous le souhaitions au départ.

C’est sans doute aussi à cause de notre grande fatigue que nous avons été émus lorsque la gérante de l’hôtel nous a remis un certificat d’honneur pour avoir « visité » le plus profond canyon du monde!

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On ajoutera aussi que c’est, malgré notre difficile expérience, peut-être parmi les plus beaux canyons du monde! Si c’était à refaire, on le ferait en trois jours évidemment et on prendrait plusieurs infusions de coca pour se donner de l’énergie! C’est un endroit à ne pas manquer.

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La flore du cañon del Colca

Non seulement le paysage est à couper le souffle, mais nous étions aussi dans la période de floraison des fleurs sauvages. En voici un échantillon.

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14 commentaires sur “Une grosse dose de coca pour affronter le cañón del Colca

  1. J’étais fatiguée pour vous deux juste en lisant. Bravo pour votre persévérance. Pas toujours facile la vie des grands explorateurs. De beaux diplômes à encadrer 🙂

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  2. Oups, j’oubliais …la poule à quatre yeux est certainement un signe que des extra-terrestres sont un jour passés par là 🙂

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  3. Bonjour Jean-Pierre et Dominique,
    Je viens de m’abonner à votre blog. C’est excellent, bien écrit et vos photos sont superbes.
    Nous avons fait trois jours de randonnée dans Canyon del Colca en octobre dernier et comprenons parfaitement vos états d’âme (et de corps). Bravo pour votre ténacité. Nous, c’était notre pratique pour les quatre jours du Camino del Inca qui ont débuté une semaine plus tard! Belle pratique, disons! 😦
    Au plaisir de continuer à vous suivre. D’ici là, j’ai plusieurs de vos voyages précédents à lire et qui pourront certainement m’inspirer dans mes prochains choix de voyage!

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    1. Bonjour Georges, d’abord bienvenue sur le blogue, on espère que ta blonde et toi apprécierez nos petites histoires et qu’elles pourront vous inspirer un peu. Si vous avez besoin d’autres informations plus précises, n’hésitez pas, on aime bien partager. Peut-être qu’on se retrouvera quelques jours, quelque part dans le monde, comme avec Carole Hart au Népal cet automne. Quant au Colca, haa misère! rien que d’y penser… 🙂 mais nous, contrairement à toi, nous avons cancellé le chemin des Incas par la suite. Si vous passez par Charlevoix ou venez skier au Massif cet hiver, venez faire un tour, on est au pied (ou presque) des pentes. Au plaisir !

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